Blue Monday 2, enduit et acrylique sur toile 115x81cm
Blue Monday 2 est une immersion dans une matière dense, presque urbaine, où le bleu profond structure l’espace comme une architecture intérieure. Sur cette base sombre se superposent des éclats de turquoise, de cuivre et de blanc, déposés en touches heurtées ou en glissements légers. Les strates s’accrochent, se chevauchent, s’effacent par endroits : la toile respire comme un paysage en reconstruction.
Les reliefs d’enduit créent une cartographie tactile où la lumière accroche les aspérités, révélant des zones grattées, d’autres saturées, d’autres encore traversées par des lignes blanches qui tracent des trajectoires presque instinctives. Le bleu oscille entre profondeur nocturne et reflets métalliques, tandis que les traces cuivrées évoquent une énergie plus brute, presque tellurique.
Au-delà du geste, l’œuvre interroge une émotion en mouvement. On y sent un poids, une densité — mais aussi des ouvertures, des percées lumineuses qui viennent rompre la tension. Les zones sombres deviennent des ancrages ; les teintes claires, des respirations. Entre chaos maîtrisé et surgissements d’apaisement, Blue Monday se lit comme un état intérieur fragmenté mais vivant.
Cette dialectique entre effacement et reconstruction rejoint ma démarche d’« archéologie du sensible » : sonder la matière pour retrouver ce qui affleure sous la surface, laisser la peinture devenir le lieu où se déposent les émotions, leurs failles comme leurs renaissances. Ici, la toile n’est pas un simple espace pictural : c’est un territoire traversé, où l’on avance de couches en strates, jusqu’à sentir la possibilité d’une résilience.